Laurent Benoit ( UTAC-CERAM ) : « Nous aurons une piste d’essais pour véhicules autonomes à Montlhéry »
- Bertrand Gay
- 30 nov. 2016
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 févr.

Le Président directeur général du groupe UTAC CERAM détaille les moyens et les ambitions du groupe UTAC-CERAM. Celui-ci poursuit sa croissance en s'appuyant sur une expertise reconnue. Le groupe va se doter d'une piste d'essais spécifique pour le véhicule autonome. De plus, la présence du groupe UTAC-CERAM s'affirme sur les marchés internationaux.
AutoStratInternational : Où en est le groupe UTACCERAM ?
Laurent Benoit : Le groupe UTAC CERAM est dans une phase de développement intense depuis 2012 : nous ferons à nouveau une année historique en 2016 en terme de résultats avec un chiffre d’affaires aux alentours de 55 millions d’euros. Ce développement concerne les 3 directions opérationnelles : la marque UTAC regroupant les activités institutionnelles (homologation, certification, réglementation ainsi que contrôle technique) , la marque CERAM regroupant les activités d’essais et de développement et la marque Paris Auto Events regroupant les activités événementielles et de formation à la conduite.
ASI : Avec quels points forts ?
L.B. : Côté UTAC, l’activité homologation constitue le cœur du développement. La stratégie que nous déployons est la suivante : Aller dans les pays qui produisent des véhicules devant répondre à des réglementations européennes. Nous avons déployé cette stratégie en Chine. Les pays qui ont adopté la réglementation européenne, tels ceux de l’ASEAN, offrent également une belle opportunité de croissance.
ASI : Et pour l’activité CERAM ?
L.B. : Pour le CERAM, le schéma est différent. Nous nous appuyons sur des labos et des moyens d’essais les plus avancés possibles. Ainsi, nous avons, depuis un an, un banc Euro 6 capable d’accueillir des véhicules à quatre roues motrices. Et, nous terminons l’implantation d’une chambre anéchoïque indoor. Nous allons être le seul laboratoire européen équipé d’un tel moyen d’essai. Il va nous aider à aller cherche plus de clients et, ainsi, appuyer notre développement. Un autre levier est l’élargissement de périmètre : proposer des activités de mise au point et/ou simulation suivant les domaines.
ASI : Quels sont vos points prioritaires d’action ?
L.B. : Nous devons travailler notre notoriété principalement coté CERAM. Notre offre de service dans le domaine essais/développement est encore insuffisamment connue en Europe et au-delà. Notre participation au salon Testing à Stuttgart y contribue. Et de façon plus globale, nous avons entamé une forte démarche commerciale et marketing.
ASI : Et pour l’activité Paris Auto Events ?
L.B. : Notre activité Evènementiel peut s’appuyer sur deux sites magnifiques, Montlhéry et Mortefontaine. Ce dernier offre des installations uniques en France et de très grande qualité. Le site de Montlhéry, par son histoire est naturellement tourné vers les manifestations et évènements liés au patrimoine. De plus, nous déployons sur ces deux sites, notre école de formation à la conduite, l’EFCAM dont les enseignements s’adressent à la fois aux entreprises et aux particuliers.
ASI : Comment ce qui s’est passé depuis un an dans le domaine de l’homologation des émissions influe sur votre activité ?
L.B. : Tout d’abord, j’aimerais souligner que la qualité des prestations de l’UTAC dans ce domaine est très bonne et qu’elles sont reconnues comme telles. L’UTAC est le service technique d’homologation des émissions pour la France. Cela signifie que lorsqu’un constructeur désire homologuer en France, l’UTAC assure le service technique. En plus de la France, trois autres pays, la Grande-Bretagne, la Roumanie et les Pays-Bas, nous ont reconnu comme service technique pour l’homologation des véhicules. Face à certains concurrents, nous sommes aujourd’hui confortés dans notre position de service technique. Nous sommes connus, reconnus et cités en exemple. C’est dans les services techniques qu’il va falloir que le législateur fasse le ménage. Avoir un nombre important de concurrents ne nous gêne pas. Mais il faut que la qualité du service rendu soit bien là. Dans ce domaine, les clés sont la rigueur, la compétence et la précision.
ASI : Quel sera l’impact des nouvelles procédures d’homologation sur vos activités ?
L.B. : Le volume de travail sera plus important qu’actuellement, tout particulièrement en raison de l’arrivée dans le domaine environnement des procédures WLTP et RDE. De ce fait, à nombre égal de véhicules à homologuer, il y aura plus de charges. Et il faudra également procéder à terme à des réhomologations complètes de véhicules lors du passage au Tout Type
ASI : Comment le mouvement vers la voiture autonome peut-il avoir un impact sur vos activités ?
L.B. : Le véhicule autonome demande un vrai travail de fond avec une très forte exigence de sécurité de fonctionnement. Nous voyons cela arriver progressivement. Pour répondre à cette dynamique, nous allons réaliser un investissement important qui sera réalisé avec le concours des pouvoirs publics par le biais de BPI France avec une aide au financement de près de 7,5 millions d’euros. Cette piste sera située au centre de l’anneau de Linas-Montlhéry. Il s’agira d’infrastructures et de compétences uniques en France qui offriront aux constructeurs et équipementiers la possibilité de développer et de tester en toute confidentialité les systèmes d’intelligence embarquée en conditions d’utilisation urbaine, routière et autoroutière. Ce sera un centre de niveau mondial comparable à ceux qui existent à Detroit et en Suède. Et, nous sommes très actifs au sein de la PFA au sujet des essais et des homologations des futurs véhicules connectés et autonomes. Par ailleurs, dans le domaine de la sécurité passive, nous sommes accrédités EuroNCAP et occupons une place importante sur ce segment de marché.
ASI : Ce futur moyen d’essais sera-t-il ouvert à d’autres industries ? L.B. : Par nature, la voiture autonome aura un impact important sur son environnement. Voici pourquoi, nous avons l’idée de développer des partenariats avec des industriels de la route, mais également des infrastructures et des télécommunications. Nous aimerions que ces partenaires proposent des innovations technologiques nous permettant d’offrir des installations d’essais les plus attrayantes possible. Notre objectif est d’être toujours à la pointe pour proposer les meilleurs services à nos clients.
ASI : Cela va-t-il demander de nouvelles compétences ?
L.B. : Tout le monde cherche des compétences dans ce domaine et nous n’échappons pas à cette quête de talents. De façon générale, nous avons du mal à embaucher car peu de profils sont disponibles sur le marché.
ASI : Vous avez évoqué le développement international du groupe, où en êtes-vous ?
L.B. : Vous connaissez la situation en Russie, ce n’est pas le pays le plus propice au développement actuellement. En Chine, nous envisageons plusieurs hypothèses dont celle de la création d’une entreprise avec un partenaire local. Nous sommes également actifs sur le marché iranien. Nous avons d’ailleurs reçu récemment le Ministre iranien de l’industrie, de l’énergie et du commerce. Il s’est montré intéressé par nos laboratoires et moyens d’essais et nous espérons que cela débouche prochainement.
ASI : Et l’Allemagne ?
L.B. : Il s’agit d’un marché déjà fort bien couvert par nos concurrents. Mais nous regardons de près ce que nous pourrions y apporter. Nous avons quelques idées. Cela pourrait passer par la voie du partenariat ou de la croissance externe.
Propos recueillis par Bertrand Gay